De Marcoux à Séoul : la Passion de Saint Jacques Chastan
La salle de l’Abbé Féraud, était comble ce 1er octobre. Marc Timi, membre de la Société et consultant spécialisé Japon et Corée, a proposé un thème rarement abordé, celui de la vie de Saint Jacques Chastan, en un voyage largement illustré de photos et documents d’archives.
Contrairement à certains noms d’illustres personnages qui ont fait l’histoire de la Haute-Provence, Jacques Chastan, natif de Marcoux en 1803, est en effet « bien qu’ayant une place à part dans le patrimoine spirituel du diocèse de Digne » a indiqué le conférencier, étonnamment peu connu comparé à ses contemporains et au-delà… Et pourtant son histoire est remarquable, fascinante, quoique dramatique…
Cet enfant du pays, a vu le jour non loin du clos de Jaline à Marcoux, fils de cultivateurs et d’éleveurs installés depuis le 17e siècle, et dont la maison est encore occupée aujourd’hui par ses descendants, la famille Martin, dont trois membres étaient d’ailleurs présents parmi l’assistance.
Très jeune la vocation de Jacques Chastan est pastorale… il reçoit une éducation religieuse, le menant à 15 ans au collège de Digne, puis à 17 au séminaire d’Embrun…
Mais il aime « le concret et l’action »… Devenu le protégé de l’évêque Mgr de Miollis, (alias Mgr Myriel pour Victor Hugo…) en un temps où l’église a besoin de se reconstruire, Jacques Chastan de par ses lectures, et la découverte de l’existence de St François Xavier et les missions décidera malgré tout : « J’irai au bout du monde en bravant tous les dangers. Oui je fonderai l’église de Corée au péril de ma vie… et oui je vais en mourir ». Une foi sans égale le portera en ce siècle où la Corée fascine… Malgré la réticence de son évêque et les supplications de sa famille, quelques jours après en tant que prêtre avoir célébré sa première messe à Marcoux, et après quinze mois d’un long et éprouvant voyage, puis avoir exercé sa mission en la province de Shandong, en Chine, il entre enfin en Corée en 1837. Ce sera dès lors la naissance de l’église en Corée mais sous clandestinité, les chrétiens étant persécutés… Jacques Chastan, et ses confrères Pierre Maubant et Mgr Imbert sont arrêtés, mais jamais ne renieront leur foi malgré le terrible martyr qu’ils subiront, jusqu’à la décapitation le 21 septembre 1839.
Le pape Jean-Paul II canonisera Jacques Chastan, ses trois confrères ainsi que 103 martyrs de Corée en 1984… Aujourd’hui, 30% de la population coréenne est chrétienne, dont une majorité de protestants et 11% de catholiques.
Après une heure trente de silence attentif, depuis l’auditoire de toute évidence conquis, de chaleureux applaudissements et même un bravo ont retenti dans la salle…. « C’est ce qu’on appelle un tonnerre d’applaudissements ! » s’exclamait le président de la SSL, Patrice Borel : « On ne peut pas mieux faire pour décrire la vie de quelqu’un comme tu l’as fait… chapeau »