Pour cette nouvelle « Pépite », nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir la poétesse Cécile SAUVAGE.
Publié dans le numéro 275 du « Bulletin trimestriel de la Société Scientifique et Littéraire » de janvier- juin 1975, pages 235 et 236, l’article comprend une présentation de la poétesse par Paul ROUX et un petit poème :
Poésie inédite
de
Cécile SAUVAGE
En classant de vieux papiers, j’ai retrouvé le poème ci-joint que Cécile Sauvage, dignoise d’adoption, a écrit pour sa tailleuse, Mlle Madeleine Guieu, ma tante, l’une des trois filles de Théophile Guieu, ex-préposé d’octroi au quartier du Pigeonnier, et dernier tisserand de Digne, décédé en 1908.
Ces vers ont été composés peu avant cette époque par Cécile Sauvage, fille d’un professeur d’histoire au Lycée Gassendi. Sa famille habitait alors une villa avec jardin sur l’avenue des Sièyes, devenue par la suite avenue de Verdun, n°17, villa où sont placés, sur les pieds-droits d’un petit portail, deux éléphants en céramique bleue, et en partie cachés par la verdure d’une glycine. Cette villa appartient à M. Audibert, retraité de l’enseignement.
Délicat et charmant poète de la nature, Cécile Sauvage (1883-1927) a magistralement évoqué et chanté la Haute-Provence en des vers émus et pittoresques, ainsi que tout ce qui concerne la maternité.
En 1907, elle épousa Pierre Messiaen, rédacteur en chef, dans la petite église Saint-Véran des Sièyes. Son fils Olivier n’est autre que le célèbre compositeur de musique. Agée de 44 ans, elle est morte prématurément en 1927, à Paris où son mari était professeur au lycée Charlemagne.
Les ouvrages qu’elle a publiés avec un rare talent ne manquent ni de chaleur ni de douceur.
Digne, le 12 novembre 1975
Paul ROUX
A Mademoiselle Madeleine Guieu
Vous m’avez demandé des vers, mais que vous dire ?
Vous savez, sans qu’il soit utile de l’écrire,
Que vous êtes charmante et que vos blonds cheveux
Sont autant de rayons du soleil radieux…
Et, quand je chanterais, cherchant des mots sublimes,
La grâce de vos traits, hélas, mes pauvres rimes
Demeureraient encor loin de la vérité,
Car je suis inhabile à peindre la beauté !
J’aime mieux vous parler de votre doux sourire
Qui jamais ne s’efface et qui vers vous, attire;
De vos petites mains, toujours pleines d’ardeur,
De votre habileté, de votre belle humeur,
De vos joyeux propos, du plaisir que j’ai d’être
A vos côtés, quand vous cousez à la fenêtre.
Mais, à quoi bon, sitôt que vous les aurez vus,
Avec les lettres, les papiers qu’on ne lit plus,
Vous mêlerez mes vers; ils moisiront à l’ombre,
Dans quelque vieux placard ou dans un coffre sombre.
Pourtant, lorsque des ans nombreux auront passé,
Ou, lorsque vous aurez cette mélancolie
Des jours où l’on a comme un dégoût de la vie,
Oh, relisez mes vers, ils vous consoleront,
Et nos yeux affaiblis, de loin, se souriront !
Cécile SAUVAGE